NO LO OLVIDEN

No lo olviden (Ne l’oubliez pas), cinquième et dernière chanson avec vidéoclip du Volume 1, est une chanson qui évoque les enfants et les horreurs de la guerre. Il s’agit d’un appel émouvant de la diaspora demandant justice et apaisement pour les familles et les cultures qui ont été déchirées par la guerre. Avec Nadine Altounji qui chante en espagnol et qui interprète aussi des mots en langue arabe, No lo olviden est une chanson qui traverse les continents, mariant langues et traditions musicales, assemblant les liens communs du désespoir et de la résilience et permettant de cicatriser les blessures causées par la colonisation et l'oppression.

La première partie de No lo olviden est influencée par les rythmes afro-péruviens du lando sur guitare et cajon (tambour à boîte péruvien). Le lando est un genre musical qui a été créé par les populations jadis asservies. Ce genre a été longtemps ignoré, mais est devenu populaire dans les années soixante. Le lando a tellement captivé David Byrne, du célèbre Talking Heads, qu'il a assemblé et lancé en 1995 la première compilation internationale de musique lando, Afro-Péruvian Classics : The Soul of Black Peru. Comme tous les autres colonisateurs et esclavagistes, les Espagnols s’assuraient couramment que les esclaves proviennent de différentes tribus et régions d’Afrique.  Cette politique d’oppression, qui visait à briser la cohésion tribale et à détruire les liens culturels, a cependant eu comme effet inverse d’inspirer et d’encourager les Afro-péruviens à créer de nouvelles formes musicales combinant les traditions africaines, andéennes et espagnoles. Nadine joue du oud et chante en arabe dans la deuxième moitié de la chanson, perpétuant ainsi cette pollinisation interculturelle.   

 Les paroles de No lo olviden ont été écrites par la poète péruvienne Marcia Castro Gamarra à la suite de conversations avec Nadine au Pérou concernant les enfants, la guerre et les liens culturels qui nous relient les uns aux autres ainsi qu’aux lieux de nos origines. Pedro Diaz, auteur-compositeur-interprète péruvien résidant à Montréal, a participé avec Nadine à la composition de la musique. Il chante en espagnol avec Nadine et joue de la guitare. Le multi-instrumentiste Mark Alan Haynes a coproduit No lo Olviden avec Nadine et ils en ont fait ensemble l’arrangement musical.

 La vidéo de No lo Olviden, tournée et montée par Victorine Sentilhes, présente une Syrie ravagée par la guerre et comprend l’image métaphorique puissante d’un oud accroché à un arbre. Il s’agit d’une allusion à une histoire d’origine concernant cet instrument de musique emblématique. Selon cette histoire, attribuée au philosophe médiéval musulman Abû Nasr al-Fârâbî, le oud aurait été inventé par Lamech, grand-père de Noé, qui aurait eu l’inspiration de créer l’instrument après avoir accroché le corps de son fils décédé à un arbre. D’après la légende, il aurait donné au oud la même forme que celle du squelette de l’enfant.  De nombreux autres auteurs ont écrit au sujet du oud et de ses pouvoirs d’apaisement. « Il remet le tempérament en équilibre… il apaise et ravive le cœur ». C’est cette légende qui a inspiré le projet et le titre de l’album : The Stories that Tie Us to Trees.  Dans la vidéo, l’image du oud pendu à un arbre symbolise la souffrance du peuple arabe et appelle à la guérison par la musique. En effet, en plus d’être pour nous une manière de préserver la culture et de transmettre les traditions, la musique a toujours été une voie vers l’apaisement et vers un avenir collectif radieux.